Loi fédérale sur le renseignement (LRens) votation 25 septembre 2016

Par Thomas CLUZEL sur France

Protection publique contre défense de la vie privée. Le débat est bien entendu ultrasensible. Mais là n’est pas l’essentiel, reprend LE TEMPS. Car la loi acceptée, il faut à présent se demander ce que les services de renseignement vont en faire. Or ce point n’a presque pas été abordé durant la campagne. Le risque, désormais, c’est que faute de priorités identifiées, les services secrets commencent à faire un peu de tout : qu’ils commencent à collecter et accumuler des données sans les trier et sans les traiter. Or c’est justement en cumulant des moyens d’écoute étendus, sans cibler les menaces principales, que la NSA américaine est devenue ce monstre tentaculaire dénoncé par Edward Snowden. Et pourtant, lorsque Snowden a révélé ces mesures de surveillance à grande échelle, nous avons tous crié au scandale. Jusqu’à ce qu’au nom de la sécurité, nous laissions à notre tour nos États se doter de dispositifs similaires.

Enfin ces mesures de surveillance soulèvent la question du type de société vers laquelle nous glissons. Et là, un petit retour en arrière s’impose. Face à un bloc communiste où les polices secrètes scrutaient l’existence de chaque citoyen, les pays occidentaux ont longtemps incarné un monde libre qui garantissait les droits civils et politiques. A présent, nos parlementaires taillent dans nos libertés. Ils introduisent tranquillement une forme de surveillance de masse préventive. Or la liberté et la sécurité ne sont pas des vases communicants. En d’autres termes, on peut restreindre la première sans faire, pour autant, progresser la seconde.

 

pour écouter l’émission (5min) :

http://www.franceculture.fr/emissions/revue-de-presse-internationale/stupeur-et-tremblement-en-suisse