Du « caméra-contrôle » du temps des pratiques photographiques analogues

La photographie ci-dessus représente Fernando Brodsky, un des 30’000 ou plus disparus de la dictature militaire en Argentine (1976 – 1984). Il était le frère de l’artiste et militant des droits de l’homme Marcelo Brodsky. À l’occasion de l’exposition La revanche de l’archive photographique en 2010, le CPG montrait un travail s’appuyant sur une photographie de classe de sa promotion du Colegio Nacional de Bunos Airos dont trois visage sont barré pour rappeler ses amis liquidé par la dictature du général Jorge Rafael Videla, comme grand nombre de jeunes de sa génération. La photographie avait été prise par Víctor Basterra, ouvrier dans l’industrie graphique et durant les années 1970 falsificateur de papier d’identité pour les guérilleros. Séquestré avec sa femme et leurs toutes jeunes filles par les militaires en 1979, il a dû sous leur pression photographier ses co-prisonniers et falsifier leurs papiers en faveur des militaires à l’école Escuela de Mecánica de la Armada (ESMA) à Buenos Aires, prison et haut lieu de torture. Victor Basterra collectionnait les photographies des futures disparues secrètement et réussissait à les faire sortir de la prison. Sous la nouvelle démocratie du président Alfonsin, Victor Basterra devenait un des témoins clef dans le procès historique civil de mai 1985 « Juicio a las Juntas », le procès fait au dirigeant putschiste de l’armée argentine. Les copies des portraits photographiques des disparus, sorti clandestinement de la prison, lui servaient de preuve irréfutable contre les dictateurs.